Foi Amour Espérance

Foi Amour
Espérance

La Luzège & Champ Libre

Texte ÖDON VON HORVATH
Mise en scène FABRICE HENRY

MARDI 5 DÉCEMBRE – 20H30

La Mégisserie – Amphithéâtre

2h / Tarif B

THÉÂTRE /  DÈS 14 ANS

Avec Marion Guilloux, Clémentine Haro, Fabrice Henry, Charles Meillat, Romane Ponty Bésanger, Joaquim Pavy, Vincent Pouderoux, Camille Voyenne
Dramaturgie et écriture de plateau Marion Guilloux
Assistanat à la mise en scène Romane Ponty Bésanger
Création musicale Joaquim Pavy
Scénographie Aurélien Izard
Costumes Adélaïde Baylac Domengetroy
Son Jean-Barthélémy Velay
Lumière Morgane Viroli
Conseil artistique David Gauchard
Régie générale Paul Cordenod
Production Alexis Aubert
Diffusion Alexandre Slyper (Tapioca, accompagnement d’artistes et artisans d’image)
 

En coréalisation avec

Production : La Luzège et Champ Libre / Coproduction : Théâtre de l’Union – Centre Dramatique National du Limousin, L’Empreinte – Scène Nationale Brive-Tulle, Théâtre du Cloître – Scène Conventionnée de Bellac, La Mégisserie de Saint-Junien / Avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine, la DRAC Nouvelle-Aquitaine, l’OARA, le Théâtre Jean Lurçat – Scène Nationale d’Aubusson / Photo © Charles Meillat

1932 / 2023… À travers la vie d’Elisabeth, dépeinte avec humour et acuité par Horvath, les collectifs La Luzège et Champ Libre nous éclairent, par un subtil jeu de miroirs, sur notre société bousculée.

Dans Foi, amour, espérance, pièce de théâtre écrite à partir de faits réels, Horvath relate la déchéance d’Elisabeth, jeune chômeuse qui se débat pour survivre dans l’Allemagne en crise de l’entre-deux-guerres. L’auteur s’intéresse au sort des personnes ordinaires, à ce que la politique et l’économie infligent à leurs trajectoires de vie. Mais la ressemblance de ce récit avec le monde qui nous entoure trouble les artistes. La mise en scène nous place alors en spectateurs de leurs interrogations, nous propulse au cœur d’une œuvre en création. Nous naviguons de la fiction à la répétition, d’un univers à l’autre, grâce à la musique qui, tel un fil rouge, guide notre regard et notre écoute à travers le tourbillon des personnages.

« Sans foi, amour, espérance logiquement il n’y a pas de vie. Toutes ces choses résultent les unes des autres. » Ödon von Horvath

Né en 1901 en Europe centrale, Ödön von Horvath est un formidable témoin des bouleversements violents du début du XXe siècle. La Première Guerre Mondiale, la Révolution Russe, la République de Weimar et l’ascension d’Adolf Hitler sont en toile de fond de ses pièces et romans. De 1927 à 1938, il compose une œuvre fulgurante, ancrée dans les problématiques de son temps : ses personnages vivent l’inflation, le chômage, la pauvreté, la prostitution, la montée des extrêmes, la radicalisation de la jeunesse… De cette Europe qui subit des changements radicaux, de ce terreau d’où surgiront les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale, Horvath tire une œuvre singulière, unique en son genre, et qui, dès les premières représentations en 1927, divise profondément le public. Lui, l’homme sans nation, né dans un empire austro-hongrois qui n’existe plus, qui a vécu partout, reconnaît sa patrie dans sa langue maternelle, l’Allemand.
Loin des pièces dialectiques de Brecht, il choisit, pour son théâtre, les formats en vogue de la Volksstück – pièce populaire – et de la Zeitstücke – pièce de notre temps. Il se refuse même à tout commentaire politique, ce qui lui vaudra les foudres des auteurs communistes et bien sûr aussi des nazis. En 1933, la première représentation prévue de Foi Amour Espérance est annulée et l’œuvre d’Horvath brûlée. Pourtant, l’humour éclate partout dans les pièces d’Horvath. Jamais parodiques, elles sont toujours teintées d’une ironie mordante et accumulent les personnages et situations hilarants, prenant le contrepied de la gravité des thèmes abordés. Les quiproquos s’enchaînent et les obsessions de pouvoir, d’honneur, de conquête sociale ou amoureuse de tous ces personnages virent constamment au ridicule. Leurs ambitions et leurs certitudes volent en éclats, à mesure que l’auteur jubile en fustigeant la lâcheté et la bêtise.

 

En 1987 naît le tout premier spectacle de la Luzège, Geoffroy Tête-Noire, une écriture originale conçue pour le public de Haute-Corrèze, et adaptant pour la première fois au plateau cette histoire régionale, mise en scène par Pierre Vial de la Comédie-Française. Dès sa naissance, la Luzège mêle théâtre d’art et programmation populaire conçue pour le territoire. Dans les années qui suivent, la Luzège continue à créer un ou plusieurs spectacles chaque année, alternant entre écritures contemporaines, textes classiques et commandes faites à des auteur.ice.s contemporain.e.s. La confiance établie avec le public permet à la compagnie de rester très libre sur les choix de ses textes, et travaille à rendre accessibles à tous les spectacles qu’elle présente, traversant toutes les écritures et tous les âges : Shakespeare, Feydeau, Koltès, Molière, Durif, Tchekhov et Duras côtoient des écritures contemporaines autour de Dracula ou des Trois Mousquetaires. En parallèle, sur le territoire national et corrézien, la compagnie dispense de nombreux stages de théâtre, en partenariat notamment avec la Ligue de l’enseignement.

Depuis 2017, La Luzège est itinérante et propose ses spectacles dans de nombreuses communes de Corrèze, dans des théâtres ou des lieux non dédiés au spectacle. Ce concept de tournée impose aux créations un objectif de légèreté et d’adaptabilité, et la création artistique se recentre sur trois axes essentiels : le travail de l’acteur, la valorisation du patrimoine et le rapport au public. Peu ou pas de décors, des costumes contemporains et une technique minimaliste donnent à l’acteur toute la place pour porter et faire entendre le texte. La scénographie du spectacle se construit autour du lieu investi, permettant à tous les territoires d’accueillir un spectacle qui s’adapte à ses réalités. Chaque création porte avec elle un dispositif qui détermine l’espace public : en cercle, bifrontal ou trifrontal, cet espace est aussi le plateau qui permet aux comédiens de déployer leur puissance d’évocation en lien perpétuel avec les spectateurs. Le choix des textes reste dicté par la nécessité d’allier imaginaire collectif et création contemporaine.

Depuis 2019, la compagnie est dirigée par 5 co-directeurs, Alexis Aubert, Clémentine Haro, Fabrice Henry, Romane Ponty-Bésanger et Vincent Pouderoux. Bon Appétit, Messieurs ! d’après Victor Hugo ou Petite Sorcière de Pascal Brullemans sillonnent la Corrèze et la France à partir de 2020. En 2021, La Luzège et le collectif Champ Libre s’associent pour trois créations : La Traversée d’Alice et Une Belle et une Bête de Marion Guilloux, et Foi Amour Espérance d’Odön Von Horvath.

 

Né en 2015 sous l’impulsion de Charles Meillat, Champ Libre est implanté dans la ville de Saint-Junien depuis ses débuts. Rassemblant des comédien.ne.s, des metteur.e.s en scène, des performeur.se.s, un photographe, une auteure, une architecte, une costumière et un régisseur, ce collectif se veut un lieu de rassemblement et de partage. Il valorise les compétences de chacun et imagine un projet artistique qui met en lumière la recherche collective. Abordant principalement les écritures contemporaines, axant sa recherche sur les limites de la modernité et la frénésie du contemporain, le collectif s’envisage comme un œil à regard multiple qui puise dans les ressources le monde « tel qu’il est », tentant d’agripper le réel pour mieux le comprendre et le faire entendre.
La principale mission du collectif étant de démocratiser la culture, ses membres se battent pour que chaque spectateur.ice puisse avoir accès aux arts vivants, en maintenant le fil d’une discussion permanente entre créateurs et public. Les créations du collectif témoignent d’un véritable intérêt pour les problématiques d’actualité. Comment se saisir du monde et lui appliquer un nouveau langage ? Un nouveau regard ? Autant de problématiques qui animent les recherches de Champ Libre.