café gloria

LES CHEVALIERS D’INDUSTRIE

JEUDI 12 MARS 20H

La Mégisserie – Amphithéâtre
1h30 /
Tarif B
THÉÂTRE-MARIONNETTE-MAGIE / DÈS 15 ANS
Dans le bistrot Natalie Royer, Ashille Constantin, Estelle Delville, Gabriel Allée
Mise en scène Antonin Dufeutrelle
Création des créatures et des marionnettes Caroline Dubuisson
Hallucinations luminescentes Jérôme Léger
Hallucinations sonores En cours
Création du décor Estelle Delville, Jérôme Léger, Gabriel Allée, Antonin Dufeutrelle
Le feutre et la plume Léa Guérin et Jules Urban
Texte Antonin Dufeutrelle avec la complicité d’Estelle Delville et de Gabriel Allée
Et quelques lignes dérobées à Oliver Sacks, Anton Tchekhov, Margueritte Duras, Brigitte Fontaine, Joseph Kessel
En coréalisation avec
Remerciements pour leur aide précieuse : Alain Pinochet, Ronan Célestine, Shérone Rey, Laure Descamps, Chantal Tilman et Emmanuel Dupont avec leur ARtelier Taverne, Pauline Collin, Pierre Girard, Cie Magique-CirconstAntielle
Coproduction L’Espace Jéliote – Centre National de la Marionnette, l’OARA, Théâtre Jean Lurçat – Scène Nationale d’Aubusson
Soutiens Théâtre Halle Roublot, Ecole Supérieure de Théâtre de l’Union,Creuse Sud-Ouest – Communauté de Communes

Café Gloria nous plonge dans les affres d’une maladie entourée de préjugés, aux conséquences dévastatrices et trouve dans le delirium tremens un terrain d’exploration infini pour les effets magiques et de manipulation : sensations décuplées, métamorphoses, visions furtives et cauchemardesques.

Anna a une cinquantaine d’années. Alcoolique, elle a fini par manquer de tout : de travail, d’argent, de soutien. Du fond du bistrot où elle s’est installée, Anna est en manque, ce manque d’alcool contre lequel elle lutte désespérément. Les tremblements, la fièvre et la sueur envahissent son corps et les hallucinations liées au manque sèment le chaos dans son esprit où surgissent des personnages difformes en perpétuelle mutation. Dans cette nuit délirante, Anna s’efforce d’observer et de dialoguer avec les phénomènes issus des replis les plus étouffés d’elle-même. Après Lazarus, leur premier spectacle, Les Chevaliers d’Industrie poursuivent leur recherche alliant théâtre, marionnette et magie et reprennent la route de la création pour notre plus grand plaisir !

Le cœur de notre histoire est le personnage d’Anna. Le manque et les hallucinations constituent la colonne vertébrale de ce spectacle. Tout est parti de Sur la Grand Route d’Anton Tchekhov : Sémione Bortsov, ruiné, cherche à boire par tous les moyens. Fatigué et désespéré, il délire, mendie, parle à un être absent… Notre histoire emprunte à Tchekhov le dessin d’un personnage en manque, qui erre dans une auberge, lieu où l’alcool est roi. Les écrits d’Oliver Sacks sur l’univers des hallucinations, l’essai de Daniel Schreiber Le Dernier Verre et Avec les Alcooliques Anonymes de Joseph Kessel, sont nos principaux appuis d’écriture. Sacks témoigne d’expériences réelles, indispensables pour tenter de comprendre les formes que peuvent prendre des hallucinations et les troubles qu’elles révèlent. Schreiber et Kessel, quant à eux, s’attaquent à la maladie alcoolique. Ils décryptent avec une grande lucidité les conséquences et les préjugés liés à cette maladie. C’est à travers elle que le public voit, c’est elle qui confère du sens à cette vague d’illusions. Anna a une cinquantaine d’années. Elle n’a pas d’argent et essaie de se sevrer de sa maladie, l’alcoolisme. Elle est en lutte. Ce manque qu’elle ressent, se déploie durant tout le spectacle. C’est un monstre à plusieurs têtes, car Anna est en manque de tout : stabilité financière, professionnelle, sociale, familiale et amicale. Assaillie par tout ce qui lui rappelle son déclin social, elle étouffe de culpabilité et de regrets. On assiste à la chronique délirante d’un effondrement. Pourtant, Anna n’est pas une victime impuissante de ses hallucinations. Elle s’efforce à observer et à dialoguer avec ces phénomènes, elle devient exploratrice de son délire. Une dimension d’espoir retentit dans ce brouillard. Café Gloria plonge le public dans un torrent d’énigmes dans lequel Anna agit pour reconstruire et sauver son existence.
Notre grand-père, roi de cette fameuse nation de Mû, avait coutume de dire : “La chance sourit aux audacieux et la vérité aux escrocs. Souvenez-vous de ceux, qui, n’ayant point de bien, vivent d’adresse et d’invention.” Alors nous avons fouillé dans les histoires d’escrocs, de bêtes de foire, de celles et ceux qui ont fait un pas de côté dans l’existence et qui ont créé leurs propres réalités. On s’est dit qu’il fallait embarquer avec nous tous ces personnages. On a cherché dans les autres ce qui pouvait faire partie de nous. En suivant les préceptes de notre illustre ancêtre, nous sommes partis chercher des tréteaux accueillants. On a dormi dans des hôtels de luxe, on a dormi dans la boue. Nous sommes résolus à être partout, du confins des théâtres, de la cave au jardin, de la piste de cirque au bout du trottoir d’un festival, on est prêt à manger à toutes les tables. Les acteurices, les marionnettistes, les illusionnistes, et les autres rusées ne nous font pas peur. Nous allons chercher les dingues là où ils sont, voilà notre noble quête.