édito 25-26

PRÊTE-MOI TA FLAMME !

Il ne faudrait pas que cette frêle allumette tombe à l’eau au moment où l’on s’apprête à allumer les bougies (vous ne le saviez peut-être pas mais La Mégisserie aura 20 printemps cet automne) !
Quelle audace ! Jouer ainsi avec le feu…
Et s’il s’agissait d’une métaphore du secteur culturel ? Lui que l’on somme de se réinventer sans cesse traverse une telle crise, serait-il proche de l’extinction ? Toujours se méfier de l’eau qui dort.
C’est pourtant dans l’adversité qu’on voit fleurir des alternatives, des bourgeons de résistance, des élans créatifs et de nouveaux courants diront les plus optimistes. Essayez d’étouffer la création elle se régénèrera. Elle est robuste.
Notre anniversaire n’aura pas des allures de pétard mouillé, la fête sera opulente et joyeuse. À l’image de cette utopie il y a 20 ans : bâtir un lieu pour abriter la rencontre d’artistes, d’œuvres et d’habitants dans une ville de 12 000 âmes et contribuer ainsi à un large mouvement d’émancipation populaire.
Il n’est pas moins ambitieux le feu sacré qui anime aujourd’hui son équipe pour faire de La Mégisserie le lieu des cultures de tous et avant tout celui d’expériences collectives. Avec ses Samedis en famille ou le festival SURINFLUENCE qui ravivent la flamme du vivre (en créant) ensemble, à travers des spectacles qui suscitent l’émotion, la réflexion, la discussion et des échanges de qualité qui déplacent les habitant·e·s et les artistes.
La saison 25/26 n’a pas peur d’allier l’Eau et le Feu, ces deux contraires, elle en fait une force. Elle porte l’altérité et le changement jusqu’à l’incandescence, fait le choix de l’ambivalence, de tout embrasser. Dans cette hospitalité érigée en principe on veut littéralement faire feu de tout bois : goûter au calme d’Awa Ly et à la tempête de Cam dans Colère, à la passion des acteurs de Don Carlos et à la contemplation des Arbres qui tombent ; s’enfoncer dans les enfers du Café Gloria ou admirer le scintillement des eaux en surface le temps d’une Valse avec W ; se laisser flotter Comme le vent ou être englouti par l’Aspirator ; s’embraser, se consumer mais renaître à chaque fois de ses cendres ; se purifier avec Les Frères Sagot ; être inondé·e·s de lumière dans Cœur avec les doigts et regarder dans le miroir qu’on nous tend pour Commencer à exister.
Des artifices de feu, de la musique et de la poésie il y en aura toujours mais peut-être bien que cette fois c’est une goutte d’eau qui mettra le feu aux poudres !

Laetitia Delpech