DANSE / DÈS 13 ANS
INTERPRÉTÉ PAR ANKA POSTIC ET CHLOÉ ROBIDOUX
SON RUI LIMA ET SÉRGIO MARTINS,
D’APRÈS FANTASIE IN F MINOR
DE FRANZ SCHUBERT
LUMIÈRE MARCO DA SILVA FERREIRA
EN COLLABORATION AVEC FLORENT BEAURUELLE
ET VALENTIN PASQUET
COSTUMES ALEKSANDAR PROTIC
ASSISTANAT CHORÉGRAPHIQUE ELSA DUMONTEL
RÉGIE (EN ALTERNANCE) FLORENT BEAURUELLE OU VALENTIN PASQUET
PIANISTES LIGIA MADEIRA ET LUIS DUARTE
ENREGISTREMENT ET MIXAGE SUSE RIBEIRO
COLLECTION TOUT-TERRAIN DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE CAEN EN NORMANDIE
Production déléguée : centre chorégraphique national de Caen en Normandie / Coproduction : Le Trident – scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin, TANDEM Scène nationale Arras-Douai, Culture Commune – scène nationale du bassin minier du Pas-de-Calais, Espace 1789 – scène conventionnée d’intérêt national pour la danse de Saint-Ouen, Atelier de Paris – CDCN / Avec le soutien du Ministère de la Culture « dispositif Résidence d’Artiste associé » – Drac Normandie, du Département du Calvados dans le cadre d’une résidence décentralisée au sein de la Communauté de communes Terre d’Auge, de la Caisse des Dépôts et de l’Institut français dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022 / Prêt de studio La Bibi, Caen / Le centre chorégraphique national de Caen en Normandie est subventionné par le Ministère de la Culture – DRAC Normandie, la Région Normandie, la Ville de Caen, le Département du Calvados, le Département de la Manche et le Département de l’Orne. Il reçoit l’aide de l’Institut français pour certaines de ses tournées à l’étranger.
Atelier danse
avec Chloé Robidoux
les 25-26 janvier
et 15-16 février 2025
Liberté, assemblage de musiques du répertoire et de gestuelles ancrées dans le monde d’aujourd’hui, c’est un cocktail actuel de haute volée qui nous est offert par Marco da Silva Ferreira.
« Voici deux danseurs qui s’emparent de la scène comme on conquiert un espace laissé vacant. Dans toute leur pesanteur, ils assument la contradiction face aux suggestions de la musique, dont les notes virevoltent : attitudes de mauvais garçons, le dos courbés, les cuisses écartées… Les corps ne s’en laissent pas conter. Pour autant, il en faudra peu pour que la légèreté de la Fantaisie en fa mineur de Schubert devienne un terrain de jeu pour ces deux interprètes rompus aux danses urbaines. Attraper la pulsation en tressaillements d’épaules ou de jambes, mais aussi se lancer dans un pas de deux aussi fraternel que compétitif, tout en portés, en glissés, en piqués et en pointes détournées. Avec le chorégraphe Marco da Silva Ferreira, le poids des corps, le poids de la musique et le poids des codes classiques ou hip hop s’envolent pour offrir des variations inédites et inventer un nouvel espace de partage ouvert aux sensibilités. De tentatives fragiles en absurdités virtuoses, une autre vision de la grâce. »
Nathalie Yokel, décembre 2021
Né en 1986 au Portugal, Marco da Silva Ferreira est diplômé en physiothérapie par l’Institut Piaget, Gaia (2010). Interprète professionnel depuis 2008, il a notamment dansé pour André Mesquita, Hofesh Shechter, Sylvia Rijmer, Tiago Guedes, Victor Hugo Pontes, Paulo Ribeiro. Il a travaillé comme assistant artistique de Victor Hugo Pontes dans l’œuvre Fall et Se alguma vez precisares da minha vida, vem e toma-a en 2014, puis comme assistant chorégraphique dans la pièce de théâtre Hamlet de Mala Voadora.
Son travail de chorégraphe s’est développé autour des pratiques urbaines, dans une réflexion continue sur le sens des danses émergentes de nos jours, à travers un expressionnisme abstrait et très autobiographique. Sa carrière prend un tournant avec HU (R) MANO (2013) présent lors des Aerowaves Priority Companies (2015) et joué dans des festivals internationaux à Barcelone, Paris, Rio de Janeiro, Lublin, Londres, Grenoble, Lyon.
BROTHER (2016) a été créée au Teatro Municipal do Porto et était présent aux Aerowaves Priority Companies (2018) à Sofia. BISONTE a été créée au Teatro Municipal do Porto en 2019 et a été joué récemment au Teatro Municipal São Luiz, Lisbonne ; Charleroi danse, Bruxelles ; PT’19 à Montemor-o-novo puis en 2020 une tournée française (Toulouse, Bordeaux, Lyon et Paris). SIRI (2021), son dernier travail est une co-création avec le cinéaste Jorge Jácome et dont la Première a eu lieu au Festival Dias da Dança à Porto. Le spectacle est soutenu par la Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New Settings.
Entre 2018-2019, Marco a été Artiste associé au Teatro Municipal do Porto, puis de 2019 à 2021 au centre chorégraphique national de Caen en Normandie.
« Avec son titre emprunté au champ lexical du piano, Fantasie minor est née de ma rencontre avec Chloé Robidoux et Anka Postic, jeunes danseur·euses originaires de Caen. Les deux évoluent ensemble depuis l’enfance, avec une formation en danses urbaines (hip-hop, dancehall, house dance) qui a joué un rôle dans leur relation et leur construction en tant qu’individus.
La pièce répond à la proposition du centre chorégraphique national de Caen en Normandie d’imaginer une œuvre pouvant être jouée dans des lieux très différents. L’espace de la scène impose aux danseur·euses une proximité constante, avec laquelle ils doivent composer et négocier. Ce partage de l’espace entre deux personnes, c’est aussi l’enjeu de la musique de la pièce, la Fantaisie en fa mineur, op. 103 de Franz Schubert, composition pour piano à quatre mains, en écho direct aux quatre pieds des danseur·euses dans cet espace si restreint.
Parce que leur culture est celle des “battles” et des “cyphers”, les deux interprètes réinventent leur pratique en permanence. Il y a entre eux quelque chose d’à la fois fraternel et compétitif, comme s’ils répondaient en permanence à la logique du jeu. Ces éléments biographiques, ces réminiscences juvéniles, traversent une composition chorégraphique inspirée par les danses que ces corps ont étudiées. Pour moi, Fantasie minor est une sorte de rite de passage, idée soulignée par la Fantaisie en fa mineur, dernière pièce composée par Schubert avant sa mort à l’âge de 31 ans, comme la prémonition d’un autre rite de passage.
La danse aborde cette composition en s’inspirant de l’approche illustrative qu’ont les danses urbaines de la musique. L’interprétation commence de façon virtuose, presque conquérante, mais au fil de la chorégraphie se révèlent d’autre sensibilités. Comme si, au-delà de “la conquête de la scène et du spectateur”, les danseur·euses s’autorisaient à ressentir ou révéler une dimension plus fragile. La musique passe par des ambiances qui leur permettent d’osciller entre ces deux sensibilités. À leurs pieds, des bottes à bouts rigides amplifient ces variations dans l’interprétation. Portées comme des pointes de ballet tout au long de la pièce, elles leur donnent une silhouette plus lourde et ancrée dans le sol. Le duo se construit sur cet écart entre le pied qui frappe le sol avec force et assurance et le piqué presque cristallin du ballet classique. L’absurde et le virtuose comme tremplin pour une redécouverte esthétique, technique et personnelle. »
Marco da Silva Ferreira, septembre 2021
« Habillés tels des jumeaux, les deux artistes s’élancent d’un bond, frappent le sol, entrent sur le ring. Mouvements saccadés, gestes tranchés, ils habitent le plateau de leur fougue, de l’énergie, de leur folle vitalité. Imaginé pour être joué en tout lieu, ce spectacle tout-terrain fait la part belle à une danse communicative, joyeuse, à une écriture qui emprunte à la street dance autant qu’à la house, qui repousse les limites du corps dans un espace contraint. […] Fantasie Minor s’appuie sur une version remixée de la Fantaisie en fa mineur D.940 de Franz Schubert, par le duo Rui Lima et Sérgio Martins. Revisitée, dynamisée et customisée de sons techno, la partition du compositeur emblématique de la musique romantique allemande questionne le rapport du duo. Sont-ils frère et sœur, amis, amants ? À chacun de jouer sur ses imaginaires, à interpréter à sa guise mimétisme et variations. Les corps en transe, exténués mais heureux, Chloé Robidoux et Anka Postic ont conquis le public en portant haut la grammaire décalée, discordante parfois, démente surtout du chorégraphe portugais. »
Olivier Frégaville-Gratian, L’œil d’Olivier, 07 juin 2022
« […] cette merveille de petite boîte à musique pour street dancers qu’est Fantasie minor, un duo mignon et fûté comme un épisode de Bip Bip et Coyote et qui tient en un exercice de transposition tout simple : si la composition pour piano à quatre mains Fantaisie en fa mineur de Schubert était une danse urbaine, alors ce serait une choré pour quatre pieds. Donc, pieds et mains, en qualité de personnages principaux, sont ici gantés et baskettés de noir. En contraste avec le petit carré de scène tout blanc de 4m2 et les vestes et shorts de jogging tout blancs eux aussi, les quatre membres semblent presque cavaler de façon autonome sur le plateau façon cartoon. Ce sont eux les moteurs du reste du corps qui, lui, tricote, vibre, saccade, frétille, tranche, au son d’une musique que les danseurs illustrent avec une fantaisie visuelle qui rappelle sans cesse le « mickeymousing », ce procédé qui désigne, en dessin animé, l’extrême synchronisation de la musique avec l’image et que l’on retrouve dans le cinéma burlesque ou les Tex Avery. Le hip-hop, danse fictionnelle et illustrative, connaît bien ce procédé. Et le chorégraphe portugais Marco da Silva Ferreira – passionné de danses urbaines – ne pouvait sans doute rêver meilleurs personnages muets que les deux jeunes danseurs de Caen castés pour ce projet : Anka Postic et Chloé Robidoux dansent ensemble depuis l’enfance. Leurs corps ponctués d’afro-house, relevés à l’électro, au voguing ou à la capoeira s’amusent alors avec une aisance parfaite des postures clés du duo d’aventure, entre fraternité, compétition, provocation badass… De quoi faire de cette courte pièce abstraite, commande du Centre chorégraphique national de Caen, un étonnant buddy movie urbain. »
Eve Beauvallet, Libération, 07 juin 2022
« Fantasie minor rayonne de cette intelligence, imposant son chemin de gestes, comme on trace sa route avec une belle et lumineuse assurance. La chorégraphie prend le parti pris d’une littéralité féconde : nos deux danseurs sont au bord d’un rectangle-estrade, ils viennent de la marge, ils en jouent, comme d’un coin où rebondir, prendre son élan. Leur possession de la scène se fera comme un saut dans le vide. Ils n’ont peur de rien, privilège de l’âge, atterrissant soudainement sur cette terre soulevée par les notes joueuses, presque frimeuses, toujours amies, de Frantz Schubert. Habillés tous deux de bermuda et de chemisette d’une blanche transparence, amples, leur tenue comme la danse qu’ils mènent est dégenrée, d’une folle liberté, laissant apparaître autant des silhouettes tyroliennes que la jeunesse la plus branchée, bras dessus bras dessous. La musique de Schubert est jouissance du rebond, comme une chevauchée sans fin : leur danse détourne alors le plié classique, qui se fait trot stylé. Marco da Silva Ferreira empruntera encore au vocabulaire classique dans le même registre décalé quelques pointes pataudes réalisées par de grosses chaussures noires. Le duo est probablement la forme la plus stéréotypée en danse : qu’à cela ne tienne, Marco da Silva Ferreira réussit le tour de force de le réinventer complètement, au plus près de la musique.
La beauté et la singularité de Fantasie minor naissent de cette façon immédiate, sans apprêt, d’une grande transparence et toujours lisible quand bien même elle jouerait des codes du classique ou des danses urbaines. Cette danse est épurée, désaffectée, pleinement geste, laissant le champ libre aux évocations qu’elle pourrait effleurer. Par son affranchissement des règles, par son amour de la musique, par la grâce de ses interprètes, par son irréductible jeunesse, elle est enfin ludique comme devrait être toute danse qui s’empare des corps, avec l’évidence d’un croc-en-jambe ou d’un saute-mouton. »
Nicolas Thevenot, Un fauteuil pour l’orchestre, 23 mai 2023