OPÉRA
OPÉRA EN TROIS ACTES DE GIACOMO PUCCINI
LIVRET DE GIUSEPPE GIACOSA ET LUIGI ILLICA
D’APRÈS LA PIÈCE DE VICTORIEN SARDOU
NOUVELLE PRODUCTION DE L’OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE
DIRECTION MUSICALE PAVEL BALEFF
CHEFFE DE CHOEUR ARLINDA ROUX-MAJOLLARI
CHEF DE CHANT ELISABETH BRUSSELLE
MISE EN SCÈNE SILVIA PAOLI
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE TECLA GUCCI
DÉCORS ANDREA BELLI
COSTUMES VALERIA DONATA BETTELLA
LUMIÈRE FIAMMETTA BALDISERRI
COLLABORATION AU MOUVEMENT ROSABEL HUGUET
FLORIA TOSCA HRACHUCHI BASSENZ
MARIO CAVARADOSSI JOSE SIMERILLA ROMERO
SCARPIA TOMMI HAKALA
CESARE ANGELOTTI ANTOINE FOULON
LE SACRISTAIN ANDRES CASCANTE
SPOLETTA YOANN LE LAN
SCIARRONE NN
DANSEUSES ET DANSEURS VIRGINIE BENOIST, HÉLÈNE BEILVAIRE, SALYA BERRAF, CLARA BRUNET, TEODORA FORNARI, CHLOÉ SCALESE, MAXIME STOFKOOPER, GILLES TAILLEFER
ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE L’OPÉRA DE LIMOGES NOUVELLE-AQUITAINE
CHŒUR DE L’OPÉRA DE LIMOGES
EN PARTENARIAT AVEC L’OPÉRA DE LIMOGES
Histoire d’amour et de politique, Tosca raconte le tourbillon infernal dans lequel sont entrainés une cantatrice jalouse et impulsive, un peintre idéaliste et un chef de la police terrifiant, dont le poison contamine peu à peu cet oppressant huis clos. Sur un livret qui a l’efficacité d’un scénario de cinéma, Puccini offre sa musique la plus sensuelle et la plus expressive mais aussi acérée comme un poignard. L’orchestration luxuriante de la partition renforce l’intensité et la poésie de ce drame. La mise en scène épurée de Silvia Paoli souligne l’universalité des passions humaines et met en exergue le rôle de Scarpia, symbole du mal absolu.
Vous souvenez-vous quand vous avez entendu Tosca pour la première fois ?
Silvia Paoli : Tosca est peut-être l’œuvre dont j’ai le plus entendu parler quand j’étais enfant. La tante de mon père, épouse de la basse Ugo Novelli, nous racontait tout le temps des histoires à mon cousin et à moi. Elle aimait tout particulièrement Puccini, sans doute fascinée par ses personnages féminins. Je me souviens que Tosca m’a beaucoup effrayée, parce qu’à travers Scarpia, c’était ma première rencontre avec un vrai « méchant ». Il faut dire que, pour les amateurs d’opéra, les représentations de Tosca constituent un réservoir sans fin d’anecdotes et autres accidents : Tosca qui ne trouve pas le couteau et essaie d’étrangler Scarpia, les gardes qui, pour respecter à la lettre les instructions du metteur en scène de « toujours suivre Tosca », sautent dans le vide avec elle… Cette œuvre est aussi pour moi inextricablement liée à l’interprétation magistrale qu’en a donnée Maria Callas.
Quelles pistes explorez-vous pour mettre en scène cet opéra si souvent représenté ?
Il me semble que Tosca est une œuvre dans laquelle l’économie des moyens de la musique, la concision du livret qui va à l’essentiel, sont évidentes : par rapport à la pièce de Victorien Sardou, la dimension historico-politique est fortement réduite, les personnages chantent leurs passions, leurs aspirations, ils se chantent eux-mêmes. L’Histoire officielle intervient comme scénario, comme cadre dans lequel se développent et s’entrelacent les histoires privées. L’idée n’est donc pas de focaliser l’attention sur l’historicité du drame mais, au contraire, sur l’universalité des passions qui sont en jeu. Je pense que cette épure qui touche l’écriture doit être transposée au niveau de la mise en scène. Je ne crois pas que la surabondance de fioritures, la tentative de reproduction réaliste des espaces du drame contribuent à soutenir l’action. Le livret et la musique sont si efficaces qu’il n’y a pas besoin de les souligner. J’imagine un espace qui laisse les interprètes comme seuls et véritables protagonistes.
En regardant les premières inspirations visuelles que vous avez communiquées aux équipes de l’Opéra, il m’a semblé que votre lecture se centrait sur le corps des interprètes et des personnages…
Oui, en réfléchissant au livret et à l’histoire, il me semble que le corps est au centre de l’attention : le corps désire, le corps torture, le corps en fuite, le cadavre que l’on croit vivant. L’amour entre Cavaradossi et Tosca est profondément sensuel, charnel – dans l’air du troisième acte, Cavaradossi rappelle les doux baisers et les caresses languissantes -, Scarpia tire sa jouissance de la torture et de la violence sur les corps, le deuxième acte se termine par le cadavre de Scarpia, le troisième avec celui de Cavaradossi et la fuite de Tosca… Cette centralité du corps nous conduit nécessairement à synthétiser l’espace pour faire ressortir l’humain et le raconter dans toute sa fragilité : la précarité de l’être, le mal qui ne laisse aucune issue, le pouvoir corrompu.
Vous avez également dit que votre Tosca pourrait tout aussi bien s’intituler Scarpia tant il en est le personnage principal de votre projet…
Le personnage de Scarpia s’impose dans l’opéra dès les premières notes : les accords initiaux a tutta forza introduisent son leitmotiv bien avant qu’il n’apparaisse sur scène. Musicalement, il est présent jusqu’à la fin : au troisième acte, il est physiquement absent mais il continue de hanter le drame et d’influencer l’action. Les derniers mots de Tosca lui sont adressés. Il est le moteur de l’histoire et un exemple de pur mal. Porteur d’un érotisme pervers et sadique, son action ne trouve aucune justification politique : il se dévoue tout entier à son intérêt personnel, à sa vie privée, à la poursuite de son bon plaisir qui consiste à tirer de la joie de la souffrance des autres. Il souille tout ce qui est à sa portée. C’est un satyre fanatique, l’incarnation même de l’abus de pouvoir, ce pouvoir qui ne semble jamais lui suffire. C’est précisément la pureté de ce mal qui fait de lui un personnage dramatique d’une grande cohérence.
Propos recueillis par Simon Hatab, reproduits avec l’aimable autorisation de l’Opéra national de Lorraine
Silvia Paoli, originaire de Florence, est une réalisatrice et actrice italienne, diplômée de l’Académie d’art dramatique Paolo Grassi à Milan. Elle a commencé sa carrière sous la direction de Bruna De Franceschi, Maria Consagra, Raffaella Giordano, Anton Milenin et Danio Manfredini. En tant qu’actrice, elle a travaillé avec Peter Stein et des réalisateurs comme Paolo Rossi, Damiano Michieletto, M. Schmidt, S. Barbarino, F. Brandi, A. Milenin et I. Konyaev dans des productions italiennes et internationales.
En parallèle de son travail théâtral, Silvia Paoli a collaboré avec des musiciens tels que Giora Feidman et Micrologus. Elle s’est orientée vers l’opéra en tant qu’assistante metteur en scène de Damiano Michieletto sur des productions telles que La Donna del Lago, Sigismondo et La Gazza Ladra au Rossini Opera Festival de Pesaro, ainsi que La Scala di Seta à l’Opernhaus de Zurich et Il Trittico de Puccini au Theater an der Wien à Vienne. De plus, elle a été assistante metteur en scène au Teatro del Maggio de Florence pour L’Amour des trois oranges de Prokofiev et a collaboré sur Il Barbiere di Siviglia et La Serva Padrona avec Alessandro Talevi, Paolo Rossi et José Carlos Plaza.
Sa première mise en scène, La Cenerentola de Rossini, a eu lieu à Tenerife. Par la suite, elle a dirigé Le Nozze di Figaro en 2015 et I Capuleti e i Montecchi en 2017 au Teatro Comunale de Bologne. En 2016, elle a mis en scène Turandot de Puccini pour AsLiCo en Italie et Vent-du-soir ou l’horrible festin d’Offenbach au Maggio Musicale. En 2017, ses mises en scène incluent La Principessa Falena à l’Opéra Royal de Mascate, Otello au Teatro Sociale de Côme et Enrico di Borgogna de Donizetti au Festival Donizetti de Bergame.
En 2020, Silvia Paoli a mis en scène Lucrezia Borgia à Tenerife et à Bologne, et a présenté une nouvelle production d’Empio Punito au Innsbrucker Festwochen der Alten Musik. En 2021, elle a mis en scène Carmen au Teatro Regio di Parma et, en 2022, Tosca à l’Opéra National de Lorraine. En 2024, elle sera à l’Angers Nantes Opéra pour mettre en scène La Traviata.
Venu de la Philharmonie de Baden-Baden où il était directeur musical depuis 2007, Pavel Baleff est le nouveau chef principal et directeur musical associé de l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Limoges Nouvelle-Aquitaine (ORSOLINA) depuis la saison 22/23. Très expérimenté, il constitue une opportunité pour l’Orchestre de poursuivre une évolution largement engagée par son prédécesseur Robert Tuohy vers une maturation artistique qui lui permettra de figurer parmi les meilleures formations orchestrales en région.
Pavel Baleff est né en Bulgarie, il a étudié à l’Académie de Musique de Sofia. Premier prix du Concours international « Carl Maria von Weber » de Munich et 1er prix de la Fondation Herbert Von Karajan, il a reçu en 2003, le prestigieux prix pour jeunes chefs d’orchestre, le « Bad Homburg Conductor Award ».
Il se produit au Staatsoper de Vienne, à l’Opernhaus Zürich, au Semperoper de Dresde, à la Gewandhaus de Leipzig, au Staatsoper de Hambourg, au Théâtre Bolchoï de Moscou… ainsi qu’avec les Orchestres symphoniques de la Radio WDR de Cologne et de la Radio bavaroise. En 2010, à l’occasion de la première de Der Ring des Nibelungen de Wagner à l’Opéra National de Sofia, il est honoré du titre de « Chef d’orchestre bulgare de l’année ».
À l’Opéra de Limoges, Pavel Baleff dirige en 2016 un programme avec l’orchestre à cordes puis, en 2019 La Ville morte de Korngold et Rusalka en 2021 (opéra qui n’avait pu être donné en public en raison du confinement mais qui avait été capté pour France Télévisions). Pour la saison 23/24, il dirige le concert symphonique La Parisienne et le Militaire avec le soliste Edgar Moreau, Peer Gynt sur une musique de scène d’Edvard Grieg, Pagliacci de Leoncavallo et un concert autour du compositeur Nino Rota, La Strada.